Cernex au moyen âge
Les origines
Le document le plus ancien évoquant Cernex, est un document daté de 1208 qui relate une donation faite par Amédée Posey, grand connétable de Romanie, à l'église de Genève. Un dénommé "Armand de Cernex" y est cité comme témoin.
En décembre 1231, Guillaume, Seigneur de Grésy, donne aux chanoines de St-Pierre (principale église de Genève) les dîmes qu'il possède dans la paroisse de Cernex, contre une redevance d'une coupe de blé pendant toute sa vie. En contrepartie, le chapitre (assemblée des chanoines) lui accorde sa sépulture dans le cimetière de St Pierre, et un anniversaire (service religieux pour les morts) pour lui et ses ancêtres.
En 1256, Pierre Oardel (Oardel est le surnom des Seigneurs d'Arthaz en Faucigny) donne également au chapitre de St pierre "trente sous six deniers de cens pris sur ses biens de son propre alleu (seigneurie) de Cernex". Cet argent servira également à faire célébrer son anniversaire. Amédée de Genève, frère du Comte de Genève, évêque de Die était témoin.
Avant 1262, la dîme de Cernex appartient à Guillaume coseigneur de Viry, fils de Hugues de Sallenôve. A cette date, il restitue au Comte de Genève, la dîme de Cernex et reçoit celle de Marlioz et Contamine contre une rente annuelle de soixante sous assignée sur le péage de Chavannaz. Guillaume est descendant de la famille de Sallenôve. Il est le premier seigneur de Viry qui a donné naissance à la dynastie des Comtes de Viry.
En 1300 un dénommé "Pierre de Sernay" exerçant le métier d'apothicaire, est cité comme témoin dans un acte de remise des terres du fief du "Viu" (Viuz en Sallaz) à l' Evêque de Genève, suite au décès d'un certain "Pierre Vilent" de Viuz.
Au XIIIe siècle et au début du XIVe, Cernex s'écrit comme il se prononce. Il n'y a pas d'orthographe précise. On trouve tout aussi bien Sernai, Sernay ou Sernex. Il semble que l'orthographe actuelle ne se soit imposée qu'à partir du milieu du XIVe siècle.
En 1345, Guichard de Sernai est le premier noble portant le nom de la commune que nous connaissions. "Il reconnaît une fidélité lige à noble Amé de Viri et aux enfants de noble François de Viri, une autre fidélité et hommage aux héritiers de Messire Rodolphe conseigneur d'Hauteville et promet de reconnaître et déclarer tout ce qu'il trouvera tenir rière (dans) les ressorts et mandements de Cruseilles". La fidélité lige est une reconnaissance de fidélité et d'hommage faite par un seigneur pour obtenir protection auprès d'un seigneur plus puissant que lui.
Par un acte daté de la même année, on sait que les biens qu'il détient sont du "ressort du château et mandement de Cruseilles". Le Château de Cruseilles appartient directement au Comte du Genevois. Il passera aux mains du Comte de Savoie en 1401, lorsque le Comté du Genevois sera racheté par Amédée VIII.
Cette même année, les hommes de la paroisse de Cernex sont "tenus" (on pourrait même dire "appartiennent") à Humbert d'Arlod et ses frères. Ils exercent la justice, à l'exception de "l'exécution du dernier supplice et de la mutilation" qui sont réservées au Comte. L'étendue de leur pouvoir semble s'appliquer sur la paroisse de Cernex jusqu'au "Nant de Mosetan". En réalité, par un autre acte de 1345, on apprend que noble Aimard de Cernex, curé de Chessenaz, détient en indivision les hommes de la paroisse et y exerce les mêmes droits que la famille d'Arlod.
Ces derniers actes nous montrent la complexité de l'organisation de cette époque. On peut deviner le sort des paysans lorsque plusieurs seigneurs réclament, en même temps, leurs dûs ...
A suivre...
C. Mégevand. (La Salévienne) ( Bulletin N°4 - 1988 )