Honoré Philippe, Les gromailles de Cernex au début du siècle

Honoré Philippe, Les gromailles de Cernex au début du siècle

LES GROMAILLES


A peu près tous les paysans des autrefois avaient beaucoup de noyers car l'huile n'était pas importée; on récoltait beaucoup de noix pour la consommation familiale. L'huile que l'on fabriquait était très appréciée.

Les noix étaient ramassées précieusement et mises au sec en attendant les gromailles. Pour cette occasion on se réunissait à la veillée et certains cassaient les noix avec des marteaux, d'autres séparaient les cerneaux de la coquille. On se réunissait comme cela d'un village à l'autre et ces veillées étaient très appréciées quand il y avait des filles. La soirée se terminait toujours par un bon casse­croûte: pain, tomme, lard et rissoles. Ensuite il y avait toujours un énergumène qui sortait sa musique à bouche et faisait tournicoter les cotillons. Ce n'était pas méchant et bien sympathique, il arrivait quelquefois que des liaisons se terminent devant M. Le Curé et M. Le Maire.

Les gromailles terminées, il fallait faire l'huile. Il y avait sur les Usses quelques moulins à farine avec roues à aubes ainsi que des moulins à huile, "chez les Gay" entre le pont Mostan et "chez Domenges", qui écrasaient les cerneaux pour en faire de la pâte, laquelle était chauffée dans une chaudière à seule fin que l'huile sorte limpide du pressoir qui était actionné par une roue à aubes qui entraînait une grande roue dentée avec pignons d'angle qu'il est difficile de décrire. Ce mécanisme ne comprend aucune pièce métallique. C'était une grosse charpente où on entendait des craquements dans tout le moulin. Malgré tout, elle était bien équilibrée. Je revois toujours le sympathique boyard avec sa grande moustache qui manipulait son mécanisme et ne l'aurait confié à nul autre, car quoique très rudimentaire il était difficile de le maîtriser.

L'huile récupérée sortait toute chaude. On recommençait une deuxième opération. Casser les plaques de grumeau desséché pour renouveler une deuxième opération. La dernière étape consistait à récupérer les plaques de grumeau asséché pour la consommation du bétail, surtout les vaches laitières.

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Traité et publié le 4 février 2005 par Michel Weinstoerffer